Douvrin - Billy-Berclau: le Siziaf revoit ses plans face à la révolution foncière de la FM

Pour survivre, la Française de Mécanique (2 500 salariés) doit voir plus petit, annonçait en juin la direction du fabricant de moteurs PSA. Des mots aux actes, la machine ne s’est pas grippée puisque le syndicat mixte du parc et l’établissement public foncier (EPF) ont signé une convention le mois dernier. En jeu à horizon 2021: la revitalisation de 90 des 140 hectares du site.

Le Parc Artois-Flandres est devant le plus grand défi de son histoire. Aménagée autour de la naissance de la Française de Mécanique en 1969, la zone industrielle s’apprête à voir sa locomotive lâcher des wagons pour rester sur les rails de la pérennité, défend la filiale de PSA. Les chiffres sont éloquents. À terme, le fleuron industriel pourrait ne conserver qu’une quarantaine des 138 hectares de son périmètre. Treize des 39 hectares de bâti lui suffiraient, soit trois des huit bâtiments. Dans la première tranche en réflexion, on trouve le parking principal le long de la RN47, ainsi que les terrains qui bordent le canal d’Aire. Dans un autre temps, à l’opposé de la voie d’eau, il s’agira de sceller le sort du bâtiment logistique et de trois ateliers de production.

Ce régime drastique déjà engagé avec la cession d’une parcelle au groupe Atlantic oblige les élus locaux du syndicat mixte de la zone industrielle Artois-Flandres (Siziaf) à revoir leurs priorités. Alors qu’on parlait davantage d’extension possible du parc à ses deux extrémités, les éventuels besoins en investissement pour les prochaines années cibleront davantage la revitalisation des surfaces qu’abandonnera la FM.

Une convention sur 5 ans

Pour l’accompagner, le Siziaf peut compter sur l’appui non négligeable de l’Établissement public foncier. Une convention a été signée et l’organisme public va attaquer la phase des négociations avec l’usine. « L’EPF rachète, dépollue et déconstruit à ses frais si nécessaire », présente Daniel Delcroix, président du Siziaf. Un même dispositif a été paraphé pour la friche Filartois. Mais derrière ces signatures, le parc s’engage à faire l’acquisition des terrains ou à leur trouver un acquéreur dans les cinq ans, soit avant le 14 janvier 2021 pour la FM. D’où la nécessité d’avoir les reins solides bien qu’une reconduction de la convention ne soit pas exclue. « Il faudra peut-être faire de nouvelles routes, de l’éclairage public, entretenir de nouveaux espaces verts, souligne Daniel Delcroix. Nous avons des ambitions et les moyens de nos ambitions mais nous avons besoin de visibilité. On ne veut pas faire du coup par coup. » Une étude de faisabilité, cofinancée par l’EPF et le Siziaf, débutera en avril et apportera en fin d’année des éléments de réponses.

Mieux vaut anticiper, d’autant que d’ici 2020, le Siziaf prévoit un budget amputé d’un tiers (2 M €) avec la nouvelle mouture de la FM qui restera malgré tout, et pour longtemps faut-il espérer, le premier employeur du parc et son maillon vital. 2018 sera cependant une année symbolique d’après les perspectives. En termes d’emplois ou de recettes fiscales pour la collectivité, la soixantaine d’entreprises cumulées pèsera pour la première fois plus lourd que la seule FM.

Les perspectives du «compactage»

C’est la deuxième phase du redressement engagé par la Française de Mécanique en proie à la baisse durable de sa production. Après les accords de 2013 (830 départs à la retraite non remplacés dans les cinq ans), l’usine a lancé en 2015 son projet « compactage » dans l’optique d’accueillir en 2017 un nouveau moteur aux volumes prometteurs (DV/R). L’idée à cette échéance : concentrer la production de ses trois blocs restants (DV/R, EP et EB) dans deux bâtiments. Cette réorganisation permettra de réaliser 3 M € d’économies par an selon la direction et donc de « donner un avenir » à l’usine qui ne renouera jamais avec son lustre d’antan (2 millions de moteurs par an, 5 000 salariés...). La Française de Mécanique, filiale de Peugeot Citroën Automobile, produit des moteurs pour les deux marques de sa maison-mère et pour Renault (jusqu’en 2017). C’est l’une des deux usines de moteurs PSA avec Tréméry (Moselle), un site qui produit 1,2 million de blocs par an. Après le compactage, le potentiel de l’usine artésienne sera d’un million de moteurs.